• La fin de l'allaitement

    Nous sommes couchées dans le grand lit de mademoiselle D à papoter dans le noir avant de trouver le sommeil. Elle me raconte ses histoires de crèche, tous les copains qu'elle a, qui mange quoi à midi... et elle me parle du petit J dont la maman passe le midi pour la tétée. Je me dis "tiens, ça fait bien dix jours qu'elle n'a pas demandé le sein !" Je lui propose :

    - Tu veux téter un peu avant de dormir ?

    - Non.

    La réponse est sans équivoque, mademoiselle D en a fini avec l'allaitement. Le sourire aux lèvres, je passe à autre chose et lui parle de la journée du lendemain...

     

    La fin de l'allaitement

     

    Ce sevrage naturel, j'en avais rêvé et j'en parlais sans vraiment savoir à quoi m'attendre.
    Je pense avoir déjà cité ici les recommandations de l'OMS : "Le Programme national nutrition - santé (PNNS) recommande un allaitement maternel exclusif pendant six mois révolus (l'allaitement peut être poursuivi ensuite, avec des aliments complémentaires, jusqu'à deux ans voire davantage). Mais même de plus courte durée, l'allaitement reste toujours recommandé." (http://inpes.santepubliquefrance.fr).
    Et je pars du principe que ce sont des recommandations, donc un conseil donné aux familles, et que chacun décide ou non de le mettre en place chez soi.
    Cette recommandation montre bien qu'un allaitement long peut avoir lieu. Pourtant, plusieurs professionnels de santé ne se sont pas privés de me dire

    "Deux ans et toujours allaitée ? Vous pouvez peut-être penser à la sevrer, là !"
    Je fais quoi...? Je leur parle de mon pote W. allaité jusqu'à 4 ans, et en co-allaitement avec son petit frère ? Un gars en bonne santé, sociable, intelligent, etc...?

    "Non mais là elle ne reçoit plus rien de votre lait, elle n'en a plus besoin pour se nourrir"
    Alors déjà, l'allaitement maternel ce n'est pas uniquement de la nourriture, il y a un côté affectif qu'on met bien vite de côté... Ensuite on peut peut-être parler des anticorps et vitamines qu'elle ne trouve pas forcément toujours dans son alimentation ? Oui quelque part, avec le végétalisme ça me rassure, c'est vrai ;)

    "Un sevrage naturel, ça n'existe pas. Elle voudra toujours téter, à vous de trouver par quoi remplacer l'allaitement". Ah bon... Et bien on va dire qu'elle a trouvé la solution toute seule et je ne sais pas ce que c'est ! Mais ce dont je suis sûre, c'est que si elle ne demande plus, c'est qu'affectivement elle n'en a plus besoin.

    Bon, et si on laissait les femmes un peu tranquilles à part ça..?! Et si on les laissait choisir ce qu'elles veulent : allaitement maternel ou non, allaitement maternel 3 semaines, 3 mois ou 3 ans, allaitement réglé ou à la demande... Je parle des femmes mais je devrais peut-être parler des familles. Beaucoup d'allaitements maternels réussissent grâce au soutien des papas et beaucoup de transitions maternel/artificiel aussi. J'avoue que je commence à en avoir assez de ces personnes qui vous infantilisent, vous prennent de haut et vous font culpabiliser. Si un enfant est visiblement en bonne santé physique et mentale, pourquoi tout remettre en question ? Bien sûr qu'un enfant ne tètera pas jusqu'à ses 12 ans ! Bien sûr qu'un enfant ne demandera plus les bras à 16 ans ! Bien sûr qu'un enfant arrivera à dormir seul à 18 ans ! Alors pourquoi s'inquiéter (et nous inquiéter) autant ?!

    La fin de l'allaitement

    Fanny Vella illustratrice

    Toutes ces remarques des professionnels résonnaient dans ma tête et pourtant je sentais que la fin approchait d'elle-même. Voilà quelques temps que je disais qu'on arrivait doucement vers ce sevrage naturel. Depuis plusieurs mois, mademoiselle D ne tétait plus qu'une fois par jour. A peine 5min le soir, ou alors une tétée un peu plus longue, tôt le matin, pour se rendormir entre nous.
    Puis elles se sont espacées... Avec la rentrée, on a instauré un roulement avec Alfredo pour le coucher et mademoiselle D ne demandait plus le sein que 2-3 fois par semaine, quand c'était moi qui la couchait, mais même pas systématiquement.
    J'étais enceinte déjà, et mes sensations avaient changé. J'avais l'impression qu'elle me mordillait les tétons ou qu'elle n'ouvrait pas assez la bouche. On s'arrêtait, je lui faisais ouvrir la bouche toute grande pour reprendre le sein... en vain. C'était douloureux et elle était très attentionnée : "je fais doucement, hein, maman !" Alors je respirais profondément pour atténuer la douleur. On dit que la grossesse fait baisser la lactation et que c'est peut-être le fait de téter "à vide" qui est douloureux. Mais elle me disait qu'il y avait toujours du lait... Peut-être qu'elle s'est lassée de cette situation, ou peut-être qu'elle n'y trouvait plus ce qu'elle y cherchait auparavant... Comment ça se serait passé si je n'avais pas été enceinte...? Je ne saurai jamais :)

    Bref, mademoiselle D s'est sevrée naturellement, toute seule, sans que j'aie à vivre la crainte de la priver, ni qu'elle me fasse les yeux du chat Potté (souvenir de ma petite soeur, allaitée 15 mois, jusqu'à la reprise du travail de ma mère...). Et sachant que toutes les femmes qui le souhaiteraient ne peuvent pas forcément vivre la même chose (pour différentes raisons : reprise du travail, stress, fatigue, manque de soutien...), je ressens énormément de gratitude pour cet allaitement qui a duré et s'est fini en douceur ♥

    Le sevrage naturel existe. Il est possible, toujours est-il qu'il faut vouloir le vivre. Et ce n'est pas le cas de toutes. Certaines mamans se sentent "à l'étroit" dans cet allaitement qui dure. Il existe une très jolie brochure, Notre bulle, pour accompagner petit à petit les mères et leurs enfants au sevrage.

    La fin de l'allaitement
    Amandine Petit-Martin

    Un dernier mot : le sevrage de l'allaitement maternel n'est pas à sens unique. Parfois la mère se sent prête et pas l'enfant. Et parfois c'est l'inverse. J'ai des amies dont les enfants ont fait la grève de tétée vers 8-9 mois alors que rien ne laissait présager un sevrage. En trois jours c'était terminé et pour elles, c'était vraiment soudain et subi. Gardez en tête qu'être triste de l'arrêt d'un allaitement ne fait pas de vous une mère possessive ou intrusive ! :)

    Et si vous souhaitez en savoir plus et/ou aborder le sevrage sereinement, je vous renvoie vers cet article d'Allaiter aujourd'hui. Je trouve les articles LLL toujours très bien écrits, documentés, bienveillants et ouverts d'esprit. Alors n'hésitez pas à vous perdre un peu de ce côté-là.

    A bientôt pour un article plus créatif ;)

    - Lilaluna -

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