• Se préparer à un accouchement physiologique


    Se préparer à un accouchement physiologique

     
    Je ne sais pas si c'est une mouvance, une mode, ou une envie d'indépendance, mais j'entends de plus en plus de femmes autour de moi, qui disent vouloir accoucher de façon physiologique. Que recherchent-elles ? Que recherche-t-on ?
    Pour certaines, il s'agit de reprendre possession de son corps après un ou plusieurs accouchements très trop médicalisés. Pour d'autres, il s'agit de faire confiance à la nature qui est si bien faite et qui nous a permis d'arriver jusqu'ici. Pour d'autres encore, c'est la peur de l'hôpital, des piqûres, des machines, ou même une impossibilité à avoir la péridurale pour des raisons de santé.

    Quelle que soit la raison, cette décision devient une quête. Il faudra se préparer physiquement, psychologiquement et affronter les remarques de l'entourage, les remarques du personnel soignant, certains protocoles hospitaliers... En bref, être hyper informés.
    Lors d'un accouchement, on est souvent plus vulnérables, parfois épuisées, parfois déconnectées de la réalité. Et prête à tout accepter, à être prise en charge, soulagée. Mais on peut se rendre compte après coup qu'en temps normal on n'aurait absolument pas décidé cela pour soi.

    Comment savoir ce que l'on souhaite et ce que l'on ne souhaite pas ? Alors même qu'on accouche pour la première fois ? Comment savoir quelles seront les sensations ? Que se passera-t-il réellement dans notre corps pendant le travail ? Quel chemin va parcourir le bébé ?
    Comment vais-je trouver la force de le mettre au monde ?
    Comment se préparer à cette tornade, cette tempête qu'est l'accouchement ?

    Dans cet article sans prétention, j'essaierai de vous donner les conseils que j'aurais aimé avoir avant d'accoucher la première fois.


    Préparer son corps

    Dormir

    Ai-je vraiment besoin d'expliquer ? Un accouchement, c'est très physique, ça demande de l'endurance. Alors comme une sportive se préparant à un triathlon, on dort suffisamment pour être au top de sa forme le jour J ! Et si on a déjà un ou plusieurs enfants, on délègue dans la mesure du possible pour glaner une sieste par-ci par-là !
    Et le jour J, tant que c'est possible, on active le mode marmotte et on dort ! Même cinq minutes entre chaque contraction ! Je vous jure que ça fait toute la différence !

    Manger

    Des besoins primaires, en fait !
    Comme pendant toute la grossesse, on fait attention à son alimentation pour avoir tous les nutriments dont on a besoin. Une prise de sang un ou deux mois avant la DPA pour évaluer le taux de fer peut être une bonne idée, car une carence en fer entraîne de l'épuisement et on veut évidemment se l'éviter le jour J !
    Et si lors de l'accouchement on a faim (ce n'est pas le cas de toutes), on n'hésite pas à manger, surtout avant de partir pour la maternité. Il faut du carburant pour accoucher...
    Et on n'oublie pas non plus de bien s'hydrater, of course !

    Avoir une activité physique

    Dans la mesure du possible, évidemment, on continue de pratiquer une activité physique. La marche, la danse, le yoga, la natation... Pour ma part j'ai du emmener mlle D à la crèche pendant les quelques semaines d'absence d'Alfredo.  Quarante minutes de marche aller (vingt minutes quand on n'est pas enceinte, mais je prenais mon temps ^^), en montée, avec la demoiselle dans la poussette, plus le retour à la maison et rebelote le soir. Bon à part ça je ne faisais plus rien hein !! Mais ça faisait du bien de sortir prendre l'air, respirer un peu.

    Hydrater son périnée

    Vous avez peut-être entendu parler du massage du périnée ? Il s'agit de quelques mouvements qui aideraient à détendre les muscles du périnée et les préparer pour une dilatation easy peasy le jour J. Bon, ce "massage" (personnellement j'ai testé et pas du tout apprécié) n'est pas obligatoire. Ce qui compte surtout, c'est d'hydrater cette zone qui va se tendre et s'étirer un max. Donc pour rendre la peau plus souple et élastique, on applique de l'huile.
    La marque Weleda en vend une qui sent très bon mais qui coûte un peu cher (heureusement, s'il en reste après l'accouchement, on peut la garder s'en servir comme lubrifiant).
    L'huile de pépin de raisin fait aussi très bien le job (ne me demandez pas pourquoi celle-là particulièrement). Et si vous ne la finissez pas, elle finira en vinaigrette !


    Préparer son mental

    Envisager les choses autrement

    Dans l'imaginaire collectif, un accouchement est très douloureux, les contractions sont insoutenables et ça peut vite tourner au cauchemar (merci les séries télévisées qui nous montrent des accouchements plus rocambolesques et traumatisants les uns que les autres).
    Alors oui, accoucher, ça fait mal. Mais ça fait beaucoup moins mal quand on voit les choses autrement. Ma sage-femme avait comparé les contractions à des vagues dans la mer du Nord. On en voit une arriver, on appréhende un peu, on se prépare, on encaisse en soufflant au moment ou elle vient nous lécher les jambes, la taille, le ventre et puis elle repart et malgré tout on continue d'avancer dans l'eau, prête pour la suivante. Les contractions sont des vagues, qui viennent et repartent. Et quand une contraction repart, comme on se sent bien !!! Voilà, je crois qu'il faut voir le verre à moitié plein :)

    De même pour la dilatation col-périnée-vulve. Le corps est tout à fait capable de faire passer ce bébé sans se briser. Prendre le temps, visualiser cette partie de son corps qui s'ouvre, l'aider à se détendre, se répéter quelques mantras (sans être quelque chose de forcément ésotérique, l'idée c'est de s'aider en gardant une image positive de la dilatation pour ne pas être submergée par la peur et les sensations douloureuses), demander le soutien de la personne qui nous accompagne, souffler, chanter/crier des sons graves... Oui, le corps peut le faire, il en est capable, il est même fait pour...

    Trouver LA sage-femme

    Pour le suivi de ma première grossesse, j'avais choisi un gynéco de mon quartier qui était recommandé par toutes les femmes croisées en salle d'attente du centre médical. Effectivement, il était gentil, doux, efficace, rassurant, toujours enjoué, une crème ! Mais pour ce qui était de la préparation, c'était vraiment le vide intersidérale. Je me suis donc inscrite à une préparation classique à l'hôpital. C'était très cliché (tout le monde sur le dos, inspirez, bloquez, poussez!), on survolait chaque question, les sages-femmes n'étaient pas mères elles-mêmes... J'ai donc suivi en complément une préparation avec une kiné haptonome. Pour ce qui est de l'haptonomie, nous n'avons pas pu en faire beaucoup, avec les longues absence d'Alfredo. Mais j'étais persuadée de bien me préparer car j'étais très assidue entre chaque séance de kiné. Je révisais les postures à adopter pendant les contractions et avais bien assimilé l'information principale : bouger ! La kiné était douce, gentille, et je baignais au pays des Bisounours. Le jour J, je suis tombée de très très haut... Tout ça n'était pas suffisant.
    Au début de ma deuxième grossesse, j'étais suivie pas une sage-femme qui m'infantilisait, qui a émis très clairement des doutes sur ma capacité à accoucher sans péridurale, qui refusait presque mon envie d'accoucher dans une position autre que sur le dos... J'ai fini par en chercher une autre et à 6 mois de grossesse, j'ai trouvé la perle.
    Elle a su nous aider à esquisser notre projet de naissance, à bien le rédiger selon notre vécu, nos peurs, nos désirs et sans blesser le personnel de la clinique. Elle a su nous préparer au pire (césarienne, "code rouge" par exemple), à rester sûrs de nous face à un comportement trop protocolaire des soignants. Elle a su me faire complètement déstresser sur la douleur des contractions, notamment grâce à des visualisations, des images et une séance d'hypnose. Elle a su me faire sentir avec ses doigts ce que j'allais ressentir au moment où bébé allait appuyer sur le périnée postérieur, ce qui provoque l'envie de pousser. Elle m'a appris à bien me positionner pour éviter les déchirures, qu'importe la position que j'allais adopter le jour J. Elle m'a aidée à préparer ce deuxième allaitement. Elle a eu les mots qu'il me fallait pour m'accompagner tout au long du travail, même lorsqu'elle n'était plus là. Et tout aurait été vraiment parfait si elle avait pu être là pendant l'accouchement. Mais c'était une sage-femme libérale et il n'y avait pas de plateau technique dans la clinique.
    Pourquoi je raconte tout ça ? Parce que toutes ces petites questions sont importantes pour se sentir soutenue et aidée dans la préparation. Si on a le moindre doute sur la personne qui nous accompagne dans la préparation, il ne faut pas hésiter à changer. C'est bien trop important. Et même au dernier moment, car en deux ou trois séances, on peut déjà débloquer beaucoup de peurs et avancer !

    Lire

    Je n'ai pas tout lu, et je ne parlerai pas de ce que je ne connais pas. Mais il y a un livre dont il ne faut absolument pas passer à côté si on veut accoucher de façon physiologique ! Ce livre m'a bouleversée. Il s'agit du "Guide de la naissance naturelle", d'Ina May Gaskin. Un pavé qui se dévore. Qui m'a fait ouvrir les yeux et m'a rendue impatiente d'accoucher.
    Ina May Gaskin est une sage-femme de la communauté The Farm, implantée dans le Tennessee depuis 1971. Elle a accompagné plus de 2000 naissances et est une des personnalités les plus importantes pour les accouchements favorisants le bien-être de la mère et de l'enfant.

    Se préparer à un accouchement physiologique


    La première partie du livre est faite de témoignages. La magie de ces témoignages, tous différents, est que l'accouchement est perçu comme quelque chose de normal, naturel. On se rend compte que malgré certaines difficultés (travail long, gros bébé, bassin étroit...) le corps est tellement bien fait qu'il est possible d'accoucher de façon physiologique si l'on est bien accompagnée. Certains récits témoignent aussi de rares fois où une hospitalisation a été obligatoire et salutaire.
    La deuxième partie explique quelles sont les magnifiques facultés du corps de la femme pour accoucher.
    Ce livre mérite un article à lui seul (oui, c'est de lui que je parlais en février ou mars dernier !). J'ai beaucoup de mal à trouver du temps ces jours-ci et il y a plusieurs articles en attente déjà, mais je me le note pour vous en parler en détail plus tard. Pour les plus pressées, essayez de vous le procurer, ça vaut vraiment le coup ! Ce livre a été déterminant dans ma façon d'aborder mon deuxième accouchement et je pense sincèrement que chaque femme pourra se sentir plus forte après l'avoir lu.

    Regarder des vidéos

    Même si filmer ces vidéos va totalement à l'encontre d'un processus physiologique, les vidéos d'accouchements (notamment à domicile) permettent de comprendre.
    Comprendre que nous ne serons plus la même à ce moment-là, que le corps fait parfois les choses seul sans qu'on ne lui demande rien, qu'un accouchement peut être long... ou très rapide, comprendre que la femme recherche ce qui l'aide à se sentir bien, et qu'à l'instant T elle sait exactement ce dont elle a besoin...
    Voir une dilatation, une tête de bébé qui apparait, qui sort, faire abstraction du sang, inhérent à tout accouchement, et se focaliser sur la faculté qu'a le corps de la femme pour mettre au monde son enfant.

    S'il y a une vidéo qui m'a particulièrement touchée lors de ma grossesse, c'est celle-ci :
    Entre leurs mains
    Et Alfredo, qui l'a visionnée avec moi, n'y a pas été insensible non plus.
    Cette vidéo traite du métier de sage-femme et des conditions difficiles pour accompagner les accouchements à domicile (dues au coût extrêmement élevé des assurances). La façon de filmer est très pudique, on peut bien s'imprégner de l'ambiance d'un accouchement physiologique (calme, pénombre, chuchotements) et on se prend une belle dose d'empathie en assistant aux accompagnements tout en douceur des sages-femmes.

    Vous pouvez aussi chercher des témoignages vidéos d'accouchements physiologiques, il y en a un paquet sur le net et ils peuvent donner de bonnes idées sur la façon dont on a envie de se préparer et sur ce qu'on souhaite mettre dans notre projet de naissance.

    Voilà je m'arrête là et suis heureuse de poster enfin cet article !
    Trois semaines que j'ai commencé à l'écrire, mais entre les bronchites, otites et autres joyeusetés des filles, les vacances pendant lesquelles on a accueilli des amis à la maison et un tricot qui me tenait en haleine, l'ordinateur est resté souvent fermé.

    Prenez soin de vous

    - Lilaluna -

    « La naissance de mini LCape de chauve-souris »
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  • Commentaires

    1
    Mardi 18 Décembre 2018 à 20:37
    papelhilo

    quel article intéressant ! j'aurais aimé avoir des infos sur la simple possibilité d'accoucher naturellement autrefois ... pour la 1e, je me voyais totalement accoucher sans péridurale (et je me souviens de l'air de doute du personnel médical en face de moi - mais j'étais soutenue par ma mère, par contre). Mais la posture sur le dos, mollets dans les étriers pendant presque 20h ont eu raison de ma résistance - sur le coup, la péridurale a été un soulagement autant physique que psychologique, je l'avoue (j'avais toujours eu horriblement peur de l'accouchement). Pour le 2e, je n'avais pas de projet spécifique, j'ai eu aussi une péridurale au bout de 16h de travail - mais elle n'a pas fonctionné et j'ai d'autant plus souffert que, d'une certaine manière, j'avais accepté de me conformer au scénario médical standard (toujours sur le dos avec ces satanés étriers !) sans rien recueillir en échange. J'ai ressenti longtemps une très grande colère d'avoir eu à souffrir autant ... Du coup, pour le 3e, je voulais à nouveau essayer d'échapper à la péri, mais à nouveau je n'ai pas réussi à sortir du schéma traditionnel ... idem pour le 4e ... (mes enfants sont rapprochés, ma famille habite loin, mon mari travaille beaucoup : je n'ai pas fait de préparation à l'accouchement, j'ai eu le strict minimum comme suivi et à l'époque c'était aussi moi qui trouvais ça plus simple ainsi ...). Je suis contente de voir que les choses bougent enfin car même si j'étais jeune et pas sûre de moi à l'époque, si j'avais senti qu'il existait un courant entier qui défendait une vision plus naturelle des choses, je me serais sentie plus légitime de demander autre chose. Et le pire, c'est que je ne remonte pas à la préhistoire (enfin, façon de dire, car là pour le coup, c'était naturel) : mon dernier n'a que 10 ans !

      • Lundi 7 Janvier 2019 à 00:03

        C'est sûr qu'avec toutes les informations que nous apportent internet, les livres, les réseaux sociaux, ça aide à mieux savoir ce qui nous attend et choisir en connaissance de cause... Et il y a aussi du progrès dans les mentalités, notamment des professionnels (il y avait un taux très bas d'épisiotomies dans ma clinique, 2% je crois...)
        Ouille, plus de 16h sur le dos avec la péri qui ne fonctionne pas et le sentiment de subir tout cela... Je comprends ta colère !

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