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La naissance de mini L
15 avril 2018
Tout est organisé ! Mlle D a trois ans aujourd'hui, et aujourd'hui elle part chez ses grands parents pour une semaine. Bébé peut arriver, on est prêts !
18 avril 2018
Je suis agacée. Je ne sais pas pourquoi, je m'étais mise en tête que bébé-soeur allait naître le 17 et voilà qu'on est le 18. En fait j'ai peur. Alfredo doit partir travailler le 22. J'ai peur d'accoucher seule... Et la peur me met en rage. Alors je remonte mes manches et je fais le grand ménage. Une éponge grattante, du savon noir et me voilà à quatre pattes à frotter le sol de la cuisine. Une heure plus tard, je me rends compte que le sol est poisseux : j'ai mis trop de savon. C'est reparti pour un tour, deuxième lavage, à quatre pattes encore une fois.
Quand Alfredo rentre de son entraînement, il me trouve toute échevelée et fatiguée. "Ça va aller pour ce soir ? On avait prévu d'aller au cinéma..."
- Je ne sais pas, j'ai pas mal de contractions, mais ça m'étonnerait que j'accouche aujourd'hui."
Nous partons donc pour notre dernière soirée-ciné en amoureux avant longtemps...
Pendant le film, les contractions s'arrêtent. Elles reviennent sur le chemin du retour. J'en ai beaucoup mais je sais que ce ne sont pas des contractions de travail. Elles ne sont pas très douloureuses, juste fatigantes. On prend notre temps pour rentrer, la soirée est douce, il fait bon.19 avril 2018
6h Je suis réveillée en sursaut par une contraction douloureuse. Cette fois-ci, je sais que ça commence. Je sais aussi que j'ai besoin de repos. Je reste au lit et somnole encore 1h, réveillée régulièrement par des contractions.
7h J'envoie un sms à E. ma sage-femme, pour lui dire que ça a commencé et lui demander de passer dans la matinée. Elle me répond qu'elle passera vers 11h. Je me demande si nous ne serons pas déjà partis à la maternité... Je vais prendre un petit déjeuner, fais un gâteau, toute la vaisselle de la veille, range un peu l'appartement, plie du linge, prépare un café pour Alfredo qui dort encore dans la chambre vide de mlle D... Le tout ponctué de vagues intenses pendant lesquelles je m'appuie sur un mur, une table, le plan de travail de la cuisine. Je respire profondément, je suis sereine et heureuse. E. m'a dit de continuer à vivre ma vie et à m'occuper pendant que le corps fait son travail. Alors je le fais.
Je réveille Alfredo. Il me demande si c'est pour aujourd'hui, je lui réponds que peut-être bien et que la sage-femme va bientôt passer. On se sourit et il me prend dans ses bras.
Je prends une douche, m'habille, sors mes travaux de couture et tricot non terminés et m'assois sur le ballon qu'on m'a prêté. Lorsqu'une vague arrive je tiens la table et fais rouler le ballon vers l'arrière en soufflant. De temps en temps je me mets à quatre-pattes, appuyée sur le ballon et je me berce. Je suis bien.
11h30 E. arrive. Elle accompagne une contraction, montre à Alfredo où appuyer pour me soulager et nous partons dans la chambre pour examiner mon col. Mauvaise nouvelle, j'ai encore un bourrelet de col. Ça ne peut pas se dilater correctement tant qu'il ne sera pas effacé. Il est pourtant déjà un peu ouvert, mais ça peut rester longtemps comme ça... Je suis déçue, j'ai peur que ça soit long, comme la première fois. On mange un bout de gâteau, on plaisante, ma sage-femme me conseille "d'écraser ma pâte à tarte" en faisant du ballon et s'en va. Alfredo fait une salade de riz et je retourne à ma couture en faisant rouler mon ballon de plus belle.
Après-midi Je passe beaucoup beaucoup de temps sur le ballon et à quatre-pattes. Je m'accroche au bord de la table ou demande à Alfredo d'appuyer sur mon sacrum pendant les contractions. Selon ma position, mes besoins ne sont pas les mêmes et Alfredo reste près de moi, à l'écoute, disponible. Je sens que je commence à fatiguer un peu et me fait donc couler un bain. Cette fois-ci (souvenir de mon premier accouchement), je ne vais pas m'allonger dedans ! Je me mets donc en tailleur, appuyée sur le rebord. Ou à genoux, presque à quatre-pattes. Ma baignoire n'est pas grande, je dois un peu me contorsionner pour changer de position, mais l'eau chaude me fait du bien. J'essaie vraiment d'accepter les contractions, de les voir comme des vagues qui viennent et s'en vont. Mais j'ai de plus en plus mal et le temps paraît long.
19h45 Ma sage-femme revient. Le bourrelet de col s'est ramolli et effacé, mais le col est plus ouvert derrière que devant, d'un petit 2. J'éclate en sanglots, j'ai tellement peur que ça se passe comme la première fois, que ce soit long et que je m'épuise (et puis bon, les hormones ne sont pas en reste). Je n'accepte plus les contractions, je les subis et tout ça n'est pas très efficace. On parle beaucoup, on cherche ce qui bloque, elle me rassure en me disant que dès que j'aurai réussi à lâcher prise, le travail irait très vite ! Pendant l'entrevue, j'ai plusieurs contractions. E. me dit "lâche... accompagne-la...", elle me masse et appuie sur mon sacrum. Ça me soulage tellement ! Ses mots et ses gestes me font du bien. Elle me conseille de pleurer si j'en ai besoin, puis prend congé en nous disant bonne nuit et bon courage.
On mange et je couds assise sur le ballon, de plus en plus énervée.
22h Ça suffit ! Je décide d'accélérer les choses en marchant et d'aller faire le tour du pâté de maison. Nous progressons lentement, je m'accroche au bras d'Alfredo et m'appuie sur les voitures tous les trois mètres. Alfredo continue de me dire "lâche" et "accompagne la". Je pense à m'ouvrir, je visualise des écluses, une fleur qui s'ouvre, ou mon bébé qui descend. J'oscille entre pleurs et joie. Je suis heureuse que ça ait commencé mais j'ai tellement peur que ça dure deux jours !
Arrivés devant la porte, je dis à Alfredo que j'ai l'impression de sentir la tête de bébé entre mes jambes, je veux partir pour la maternité. On remonte, on prend la valise, le sac, les dernières affaires et on y va.
20 avril 2018
Minuit On arrive enfin à la maternité après un périple d'une heure (habituellement, on met 10min à pieds). La sage-femme qui nous accueille nous donne des blouses et nous abandonne dans un sas. Je suis épuisée par la longue marche. Une fois changés, elle nous invite dans une salle d'accouchement pour m'examiner. Je demande si la salle nature est libre. Elle l'est mais il faut d'abord savoir où j'en suis dans le travail. La sage-femme introduit ses doigts dans mon vagin et me dit "au fait, j'ai mis un peu d'savon pour que ça glisse !" Mon énervement monte d'un cran, j'aurais aimé être prévenue avant, j'avais apporté de l'huile ! Elle m'annonce que je suis à 2. Encore ?! Je suis déçue, triste, énervée... Je me relève et demande à passer aux toilettes avant de nous installer dans la salle nature. J'en profite pour essuyer le savon en rageant.
La salle nature me paraît nulle. Il y a juste un lit rond, c'est tout. Pas de tissu pour se suspendre, de baignoire, les ballons sont trop petits, trop durs ou dégonflés, un sticker de branche d'arbre orne un mur violet. Alfredo me demande si je veux rentrer à la maison ou s'il va chercher mon ballon... Mais non, je ne veux pas remettre une heure à rentrer (et une heure à revenir !) et je préfère qu'il reste avec moi. Je suis en colère et c'est peut-être finalement ça qui déclenchera le vrai travail.
Le monitoring que m'a posé la sage-femme avant de disparaître est interminable, il se décroche tout le temps. La sage-femme s'occupe à peine de nous, alors que je suis la seule à accoucher cette nuit dans le service. Je tremble comme une feuille entre les contractions, j'ai froid et elle ne trouve rien d'autre que des draps. Alfredo va chercher une serviette dans la valise pour me couvrir. Finalement elle me propose de prendre une douche pour me réchauffer. Il n'y a rien pour y poser mes affaires, Alfredo les tient et attend devant la porte. Je m'assois sur un tabouret en plastique bancale et fait couler l'eau chaude sur mon ventre. La salle de douche est immense, il y fait froid, ça ne me réchauffe pas du tout. Je laisse tomber, me sèche et retourne dans la chambre. Entre temps, une sage-femme a rapporté une couverture des chambres de maternité. Je m'installe à quatre-pattes sur le ballon, la couverture sur moi.
Un homme vient me faire une prise de sang. Il sent la transpiration. Il me demande de ne pas bouger alors qu'une violente contraction me prend. "J'aimerais bien vous y voir !" Il grommelle et s'en va. A quatre-pattes, les genoux sur le sol sans tapis, j'ai mal et me sens abandonnée. Je craque une bonne fois, éclate en sanglots et demande à Alfredo si la péridurale va shooter mon bébé. Il me répond que non. Je prends cette réponse comme un feu vert pour la demander si j'en ai besoin, j'ai vraiment l'impression que je ne vais pas y arriver...
Finalement, la colère, les pleurs et cette dernière résignation me permettent de finir par lâcher-prise. Lorsque la sage-femme revient pour m'examiner, je suis à 4 ! Je me tourne vers Alfredo avec un grand sourire. Je suis heureuse et de nouveau pleine de confiance et de motivation. Je suis en travail ! Enfin ! Et je sais, grâce aux séance d'auto-hypnose, que ça va être rapide.
On alterne le travail à quatre-pattes sur le ballon et le repos dans le lit rond. Comme mes contractions sont intenses mais très espacées, je m'endors 8 ou 10 minutes entre chaque. Une sage-femme vient me poser des aiguilles d'acupuncture pour soulager mes douleurs dorsales, car même si cette fois-ci bébé est bien placée contre mon ventre, j'ai quand même mal au dos. Ça ne fonctionne pas. Elle en pose aussi pour aider la descente de bébé. Pour le coup, je la sens bien descendre et appuyer de plus en plus sur le col.
A quatre-pattes, avec mes aiguilles dans le dos et sur les pieds, j'ai autour de la taille la ceinture du monito qui ne tient pas. Alfredo reste près de moi à le tenir contre mon ventre pour que le relevé des battements cardiaques ne soit pas "en pointillés", comme s'en plaint la sage-femme, obnubilée par ce relevé. Elle revient pour retirer les aiguilles et m'examiner, et m'annonce que ça a bien avancé : je suis à 8 ! J'ouvre de grands yeux. Déjà ?! Elle me dit que l'acupuncture a bien fonctionné. Et moi ?! Je ne suis pour rien dans cette avancée ? A chaque contraction, je visualise mon col qui s'ouvre, je m'efforce de détendre mon périnée et même tout le bas de mon corps, je souffle longtemps en chuchotant "lâche, lâche, lâche, lâche, lâche..." ou "accompagne-la" et lorsque je perds pied et gémis, submergée par la douleur, Alfredo me ramène et me recentre en me répétant ces mêmes mots. Lui-même joue un sacré rôle : il me soulage à chaque contraction en appuyant sur mon sacrum et en faisant basculer mon bassin. Sans compter que c'est la seule personne sur laquelle je peux m'appuyer ici, le seul qui m'aide et me soutient vraiment.
Je suis donc à 8. Dans ma tête ça fuse. Est-ce que je veux la péridurale ? Si je la veux, c'est maintenant qu'il faut la demander. Mais je me tais. Allez, j'y suis presque, je tente. La sage-femme part chercher de quoi me poser une perfusion, elle s'installe au bord du lit, essaie de piquer mais n'y parvient pas et laisse tomber "pour l'instant". Elle repart, revient... ce moment devient flou, je ne sais plus bien ce qui se passe. Elle nous laisse 20 minutes environ et Alfredo m'incite à m'allonger pour me reposer car la fin arrive et sera sûrement très intense. On s'allonge tous deux et on s'endort. Je suis réveillée deux fois par de longues et douloureuses contractions. Alfredo s'est endormi en calant son poing contre mon sacrum et je me débrouille avec ça pour gérer la douleur très intense.
Quand la sage-femme revient, j'ai juste le temps d'apercevoir ses chaussons bleu turquoises qu'une nouvelle contraction arrive. Je m'accroche au cadre de lit et souffle. La sage-femme me dit de lui faire signe quand ça redescend. Pendant ce temps, Alfredo se réveille et se redresse. "Ça redescend ?" me demande la sage-femme. Je lui fais signe que pas vraiment...
"Ça pousse...
- C'est normal ! Bon on ne va pas tarder à passer dans l'autre salle ! Vous me dites quand ça redescend et on y va !"
Normalement, on ne peut pas accoucher dans la salle nature. Elle n'est prévue que pour le travail. Il faut traverser le couloir pour aller accoucher dans une salle classique.
Mais la contraction s'intensifie encore. Je n'ai pas envie de pousser, mon corps le fait tout seul. Et comme me l'avait fait sentir E., ça pousse au niveau du périnée postérieur... Gloups ! j'ai l'impression de faire caca. Submergée par l'intensité des sensations je hurle et entre deux hurlements je leur fais part de ma crainte. "Oh, à peine, ce n'est pas grave" me répond-on. Je m'énerve car j'ai besoin de me sentir propre pour me lâcher complètement. La sage-femme commence à comprendre que je vais accoucher, là, maintenant, et qu'il n'est plus question de changer de salle. Mon corps continue de pousser tout seul. La poche des eaux finit par éclater, inondant mes cuisses d'un liquide chaud. Je ne sais trop pourquoi ça me rassure, comme si la porte était enfin ouverte pour mon bébé. La sage-femme appelle ses collègues à la rescousse.Je ne sais pas bien ce qu'il se passe dans la pièce. Je sais juste qu'elles sont deux ou trois et j'entrevois un fauteuil roulant. Espéraient-elles encore me faire déménager ? Je suis allongée sur le lit et incapable de bouger, encore moins de me lever. Je sens une brûlure énorme entre mes jambes, la vulve qui s'étire et se dilate. Je mets ma main entre mes jambes, espérant sentir les cheveux de bébé sous mes doigts mais ne sens rien. Ça me fait paniquer intérieurement. Mon bébé n'est pas encore en train de sortir et j'ai déjà l'impression que mon corps va exploser, se déchirer en deux. J'ai peur de mourir, je le dis, on me rassure, je me concentre sur ma position. Pas question de bouger, je veux accoucher comme ça, allongée sur le côté gauche. Je crie "ma jambe !"car ma jambe droite est en l'air, perdue dans l'espace et je ne sais où la poser. Je sens qu'on me la cale et je me remets à pousser en soufflant. Ça me semble interminable et la douleur intense submerge tout le reste. On me parle mais je n'entends rien. Entre deux cris aigus qui s'échappent malgré moi, je pousse. Une fois, deux fois, peut-être quatre ou cinq, pas plus. Puis tout à coup j'entends "Ne poussez plus !!" J'attends en me disant que la tête est enfin sortie.
J'apprendrai par la suite que bébé avait deux tours de cordon en bandoulière, ce qui ralentissait la descente et nécessitait de clamper et sectionner avant le dégagement de ses épaules et la sortie du reste de son corps. Les gestes de la sage-femme sont rapides et assurés.
Quand on me dit de pousser à nouveau, il faut aller vite. Je pousse une fois en apnée et enfin elle sort !"Mon bébé!" Je sors automatiquement de ma bulle et me retourne pour l'accueillir. Je la vois, toute violette entre les mains de la sage-femme et l'attrape pour la garder près de moi. Elle est calme, ne pleure pas, je lui parle, la tient contre moi. Je me tourne vers Alfredo qui a passé ces dernières minutes derrière la tête de lit, sa main posée sur la mienne. Il est heureux et souriant.
6h36
Voilà, elle est là, contre moi, on se regarde, je suis émue.
Mais pas le temps de s'attarder, cette fois il faut changer de salle. On enveloppe mini L dans un draps et on la met dans les bras de son papa. Je dois me lever pour m'asseoir dans le fauteuil roulant recouvert d'alèses jetables. J'ai une pince à clamper le cordon entre les jambes, l'impression d'avoir prit un camion de plein fouet, mais je suis heureuse et souriante et surtout impressionnée de pouvoir me tenir debout si vite. On traverse le couloir et je grimpe sur la table d'accouchement, où la sage-femme espérait me faire accoucher, pour faire les soins et la tétée d'accueil.
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Dans les jours qui ont suivi, je me suis sentie très bien, en pleine forme, de bonne humeur, épanouie. J'ai été impressionnée de me sentir aussi bien après une telle épreuve physique !
Par contre je n'avais pas imaginé ressentir une telle violence pendant l'expulsion et il m'a fallu quelques jours pour la "digérer". J'avais beaucoup lu sur le sujet de l'accouchement physiologique pendant ma grossesse, et on disait généralement que c'était intense, puissant. Les personnes qui m'ont raconté leur accouchement sans péridurale non volontaire (parce qu'arrivées trop tard à la maternité ou parce que la péri n'a pas fonctionné du tout) m'ont dit à quel point elles avaient trouvé ça violent. Je n'imaginais pas ressentir cette violence en étant préparée et en le voulant dur comme fer. Je ne l'avais lu nulle part, alors je le pose ici.
Voilà : un accouchement physiologique bien préparé peut être vécu avec violence.
Mais après dix jours de "digestion", j'ai décrété que si je devais encore accoucher un jour,
je recommencerais de la même façon, sans aucune hésitation.J'ai l'impression d'avoir fait un sacré pied de nez à ceux qui ne m'en croyaient pas capable (oui oui, j'ai eu des remarques pas très respectueuses pendant ma préparation). Je voulais un accouchement physiologique et sécurisé, ça ne pouvait pas mieux se passer. Pas de perfusion, pas de péridurale, pas d'épisiotomie et une toute petite déchirure que je décide de ne pas faire recoudre, une position que je choisis... Mais surtout j'ai accouché dans cette salle nature, là où normalement personne n'accouche faute de formation des sages-femmes. E. m'avait dit "et si tu accouches là et bien la sage-femme aura droit à une formation gratuite !". Et bien elle n'était pas ravie, mais ça m'est complètement égal !
Si vous avez déjà lu le récit de mon premier accouchement, vous remarquerez peut-être que je n'ai pas envisagé les choses de la même façon cette fois-ci. Bien sûr, tous les accouchements sont différents, mais la préparation joue beaucoup dans la façon d'appréhender les choses...
Je vous reparlerai bientôt de la préparation. Je souhaite juste revenir sur quelques points.Faire caca pendant l'accouchement ?
Je me débarrasse tout de suite de cette partie pas glamour ^^
Faire caca à l'accouchement ça arrive souvent et les sages-femmes et gynécos ne s'en formalisent pas. Mais c'est vrai que pour l'estime de soi, ça peut être gênant de déféquer devant son/sa partenaire !
Voilà pourquoi il est très important de parler de ses problèmes de transit pendant les séances de préparation à l'accouchement. Si on est constipée à la fin de la grossesse, il est sûr que ça sortira le jour J, pour faire de la place à bébé ! Il existe des solutions, notamment boire beaucoup d'eau, mais pas que. Renseignez-vous bien auprès de votre gynécos/SF/médecin généraliste.
Le plus souvent, le corps "fait le ménage" au début du travail, hormones et contractions activent le transit et bien avant de pousser, si vous n'avez pas mangé pendant le travail, vous n'avez plus rien dans le ventre. Mais si vous avez envie de manger avant de partir à la maternité, n'hésitez surtout pas ! Il faut prendre des forces pour l'épreuve physique qui vous attend !
Et si vraiment ça vous fait peur... suppositoire à la glycérine. Non, ne me remerciez pas !
Les émotionsLors d'un accouchement, on passe souvent par toutes les émotions. Joie, peur, sérénité, colère, tristesse, amour... J'ai été étonnée de ressentir autant de colère et d'avoir eu le cran d'envoyer bouler infirmier et sage-femme... Ceux qui me connaissent bien savent que ce n'est vraiment pas dans mes habitudes, je ne me mets quasiment jamais en colère et de là à pester sur les gens..!!! Mais en même temps, ce n'est pas si étonnant. On n'est pas soi-même lors d'un accouchement, et c'est tant mieux. Comme lors d'un acte sexuel, pour bien lâcher prise et laisser le corps faire son travail, le cerveau archaïque, celui qui sait comment accoucher, va inhiber le néocortex, très rationnel et intellectuel et l'inciter à aller prendre sa pause café. Si les émotions sont si fortes et si présentes, c'est parce que le néocortex perd le contrôle et il faut absolument laisser faire et ne pas solliciter la femme qui est en train d'accoucher. Privilégier la pénombre, être présent mais ne pas trop parler ni questionner... Rester dans le rationnel est prendre le risque de ralentissement et de complications.
Donc lâchez-vous !...et prenez le temps de regarder cette jolie vidéo de Michel Odent
Des contractions pas douloureuses ?Tout au long de sa grossesse, on peut ressentir des contractions qui ne sont pas très agréables, mais pas vraiment douloureuses. Elles sont parfois le signe que le corps en fait trop et doit se reposer. Pas évident quand elles apparaissent dès le 3e mois ! On les appelle contractions de Braxton Hicks (du nom du médecin les ayant décrites en 1872) et elles entraînent l'utérus et le préparent à l'accouchement. Normalement, elles n'ont aucune influence sur le col, contrairement aux contractions dites de travail. Une vidéo l'explique très bien, imagée par un ballon et une balle de ping-pong :
Choisir sa position pour accoucherLorsque je me suis préparée pour mon premier accouchement, j'ai fait une préparation classique à l'hôpital, et si on m'a dit qu'il était possible d'accoucher sur le côté, selon le bon vouloir de la personne qui nous accompagne, nous nous sommes toutes entraînées à accoucher sur le dos, pattes en l'air et en apnée. Le problème de cette position, c'est qu'on risque de se déplacer le sacrum (vu qu'il est coincé contre la table), ce qui est plutôt douloureux et handicapant pour les suites de couches. Le problème de cette position ET de cette façon de pousser, c'est que les déchirures sont difficilement évitable. Mais cette position est idéale pour les gynécologues donc on ne va pas trop les embêter, hein madame !
N'oubliez jamais, c'est VOUS qui accouchez, c'est VOTRE corps et celle qui subira les conséquences d'une position qui ne vous convient pas c'est aussi vous. Parce que lorsqu'on accouche sans péridurale (ou avec une péridurale pas trop forte), si on s'écoute, on sait quelle position nous soulagera ou nous semblera la plus appropriée pour accoucher. Et on le saura sur le moment, pas avant.
Pendant la préparation à l'accouchement de mini L, je m'imaginais très bien accroupis ou à genoux.
Et puis finalement j'ai accouchée allongée sur le côté gauche et j'en suis très heureuse.
E. m'a vraiment bien préparée à ces trois positions (sur le dos, à quatre-pattes/à genoux, allongée sur le côté). Et à l'instant T, quand j'ai su que ma fille allait sortir, mon cerveau rationnel a repris le dessus seulement quelques secondes le temps d'ajuster ma posture :
- jambe droite en l'air ? Check !
- jambe gauche tendue en arrière ? Check !
- bras qui s'appuient et poussent vers le haut (la tête de lit) ? Check !
- poussée en ouvrant le périnée ? poussée en soufflant ? Double check !
Et c'est finalement la dernière poussée, en apnée, lorsqu'il a fallu faire sortir mini L très rapidement qui a provoqué une petite déchirure. Car pousser en apnée, c'est envoyer bébé comme un ballon de foot vers la sortie, sans laisser le temps à la vulve/le périnée de se dilater complètement (je vous renvoie encore une fois à la vidéo ci-dessus qui permet de s'en rendre compte).
Rassurez-vous, on se remet bien mieux d'une petite déchirure que d'une épisiotomie.Ça va ? L'estomac est toujours accroché ? :)
Je n'imaginais pas, en démarrant ce blog, parler de sujets aussi intimes. Mais lorsqu'on se prépare à un accouchement, il est extrêmement important de s'informer. Et je trouve que j'ai cruellement manqué d'informations pour mon premier accouchement. Aussi je laisse mon témoignage sur la toile, en espérant aider des futures mères à mieux comprendre et appréhender les choses.
Il ne faut pas perdre de vue que chaque accouchement est différent, peut-être vécu différemment selon chacune, le lieu, là où nous en sommes dans notre vie... Mais se nourrir de témoignages c'est comprendre, apprendre et se préparer à toutes les situations.Alors pour celles qui sont en plein dedans, bonne préparation !
Et je vous retrouve tout bientôt pour le troisième et dernier volet sur l'accouchement !Bonne fin de semaine
Tags : accouchement, mini L, physiologique, émotions, sans péridurale, position, préparation, michel odent, sage-femme, naissance
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Commentaires
je ne sais pas si j'aurais aimé lire autant de détails avant mon 1er accouchement, mais je trouve que cet article est très chouette quand même, j'espère qu'il pourra aider quelqu'un ! bravo d'avoir mené à bien cette aventure comme tu l'as senti !
J'ai eu plusieurs retours de personnes me remerciant de dire les choses sans détour... Je suis consciente que ça ne plait pas à tout le monde ! Mais certain(e)s y trouvent leur compte.
Merci Claire